COP16 Biodiversité : les politiques se refilent la "patate chaude"
La première semaine de la rencontre internationale sur la biodiversité a eu son lot d’avancées... mais aussi de blocages politiques. Alors que les chefs d'État sont attendus dans les prochains jours pour finaliser un accord, la question du financement continue de bloquer.
Ce sont les “patates chaudes” de cette COP. Les sujets “relatifs au financement” bloquent toujours, chaque pays se renvoyant la balle, observe Juliette Landry, responsable de recherche à l’IDDRI (l’Institut du Développement Durable et des Relations Internationales). Que ce soit sur le Fonds mondial pour la protection de la biodiversité ou sur la question des ressources génétiques numérisées, les délégations peinent à trouver des points de convergence, avant l’arrivée des chefs d’État.
De nouvelles promesses de financement
Un bon signal a pourtant été envoyé ce lundi par une dizaine de pays développés, qui ont annoncé une nouvelle hausse de leur participation au Fonds mondial pour la biodiversité. Au total, la France, l’Allemagne, la Norvège, le Royaume-Uni, la Nouvelle-Zélande ou encore le Québec ont promis près de 163 milliards de dollars d'investissement pour aider les pays en voie de développement à protéger la biodiversité. Une promesse qui porte à 400 millions de dollars la dotation du mécanisme de financement mondial, mis en place il y a deux ans.
“La finance est au cœur des débats, pour des raisons symboliques et politiques”, souligne Sébastien Treyer, directeur général de l’IDDRI. La Colombie, pays hôte de cette COP, a ainsi profité de cette première semaine pour “faire exister sa vision d’une économie protectrice de la biodiversité”, en permettant aux groupes de communautés autochtones de bénéficier d’un temps de parole et d’une reconnaissance plus importante.
Une nouvelle coalition pour sortir de la logiqu étatique
Et ça a marché ! Le texte de loi emblématique sur la biodiversité (la CDB), continuellement modifiée depuis plus de 20 ans, va davantage reconnaître la légitimité des populations autochtones et de leurs connaissances traditionnelles. Une coalition composée des groupes de populations autochtones, de pays africains, de paysans, ou encore pour l’intérêt des femmes et des jeunes, va également émerger de la conférence, assure Juliette Landry. Cette nouvelle organisation devrait faciliter la représentation ds acteurs non-étatiques pour les prochaines conférences internationales de la biodiversité.
Mais rien ne sera vraiment acté avant la fin de la semaine. Les chefs d’États et ministres sont attendus pour trancher les sujets les plus tendus. Si l'on compte pour la première fois sur la présence de plusieurs présidents (Mexique, Brésil, Bolivie, Guinée-Bissau...), les pays européens, Nord-américains ou d’Asie de l’Est, pourtant premiers responsables de la détérioration de la biodiversité, seront absents. La venue du président arménien sera particulièrement scrutée, en vue de sa candidature pour la prochaine COP17 face à l’Azerbaïdjan.
Ces différends politiques et économiques vont-ils freiner les négociations de cette deuxième semaine ? Rendez-vous vendredi pour le verdict final de cette 16ème édition de la COP Biodiversité.
Image d'illustration : Les délégués discutent des propositions lors d'un briefing à la COP 16 biodiversité. - Photo by IISD/ENB | Mike Muzurakis