Légumineuses, ces super-héroïnes de l’environnement
À l’occasion de la journée internationale des légumineuses - oui oui ça existe bien tous les 10 février - La Corneille fait le point sur les capacités extraordinaires de ces plantes encore trop sous-estimées.
Elles sont sûrement la clé des champs, mais ont pourtant été absentes du débat autour de l’agriculture. Arachide, haricot, pois, lentilles… les légumineuses ont longtemps eu mauvaises presses. Comme punition dans l’assiette ou considérées comme “légumes de pauvres”, les préjugés ont fait chuter leur consommation en France de 7,2 kg par personne et par an en moyenne en 1920, à 1,4 kg au milieu des années 1980.
Désormais associées aux bobos-écolos et aux régimes santé, elles semblent initier un retour en force. Et pour cause, engrais naturel, stockage du carbone et bienfaits pour la biodiversité, les légumineuses cochent toutes les cases de la transition écologique. Le gouvernement, lui-même, ne s’y trompe pas, en tablant sur un doublement des surfaces cultivées entre 2020 et 2030 dans sa stratégie de planification.
Sol en scène
Presque invisible à l’œil nu, les superpouvoirs des légumineuses se déploient d’abord dans le sol. Elles captent énormément d’azote dans l’air pour le transformer en ammoniac, qui permet de nourrir le sol et tout ce qui y vit. Plus besoin d’ajouter d’engrais azotés, ce qui signifie moins d’intrants chimiques et moins d’émissions de CO2.
Très utilisé dans les rotations, le remplacement d’une culture de céréale par du pois et/ou du soja peut permettre à elle seule de réduire jusqu’à 20 % les apports d’azote de synthèse à l’échelle d’un champ. Une réduction qui pourra en retour faire diminuer la formation d’ozone, la pollution des eaux et l’acidification des océans.
Diversité des bactéries, des champignons et développement des vers de terre ; les légumineuses activent de nombreux signaux pour garantir un sol en bonne santé. Et quand on sait que près de la moitié de la biodiversité est présente sous nos pieds, ça fait la différence. Le système racinaire profond des légumineuses leur permettent même d’améliorer la structure des terres et de retenir l’eau. L’Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture indique ainsi qu’“en associant au moins une variété de légumineuses à une culture à base de céréales, les champs agricoles sont mieux adaptés aux adversités climatiques comme la sécheresse.” L’institution rattachée à l’Onu affirme que ce modèle a déjà fait ses preuves en Tanzanie où les céréales (maïs, sorgho), les légumineuses (haricots) et les noix (arachides) sont cultivées simultanément.
La floraison des légumineuses “apporte aussi des éléments nutritifs important pour les espèces pollinisatrices”, ajoute Pascal Carrere, chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra). “Cet effet attractif est bénéfique pour l’ensemble de la chaine trophique, mais également dans la régénération naturelle des prairie.”
Enfin, les légumineuses présentent aussi une large diversité génétique, offrant des variétés plus résistantes au climat et des atouts recherchés pour améliorer notre microbiote. Un ensemble d’écosystèmes présents dans notre corps……
Candidates parfaites à la transition agricole
“On a, avec l'essor de la filière « légumineuses », une opportunité de diffuser la transition alimentaire des assiettes jusqu'aux champs, de la fourchette jusqu'à la fourche”, s’enthousiasmait, en 2020, un rapport du Sénat. Bon marché, de grandes qualités nutritionnelles (donc parfait pour remplacer le sucre, le gras ou la viande) et avec des recettes connues depuis des millénaires : les parlementaires ne tarissent pas d’éloges sur les légumineuses.
Alors, qu’est-ce qu’on attend ?
Pendant cinquante ans, la plus grande partie des investissements s'est orientée en France vers le secteur céréalier plutôt que vers les légumineuses. L'écart de compétitivité entre les deux est ainsi devenu considérable. Selon les Sénateurs, il est donc primordial d’accompagner les agriculteurs et d’orienter les investissements vers la culture de légumineuses. Une réponse toute trouvée pour répondre à la fois au malaise agricole et aux défis environnementaux, que le gouvernement a manifestement délaissé.