Croquer le vivant, notre sélection de bandes dessinées sur la biodiversité
Bandes dessinées, romans graphiques, la biodiversité s’invite de plus en plus dans le “neuvième art”. À l’occasion de la 51e édition du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême, La Corneille vous dévoile sa sélection de livres préférés.
L’Oasis, Simon Hureau
Nous vivons une crise majeure du vivant mais nous ne sommes pas impuissants. À des micro-échelles, nous pouvons agir, favoriser la diversité biologique et créer de véritables “oasis”. C’est la démonstration que nous fait Simon Hureau dans ce roman graphique sous-titré “petite genèse d’un jardin biodivers”, inspiré de son expérience personnelle. Lorsqu’il s’installe avec sa famille en Touraine, leur terrain est tout sauf un havre de biodiversité. À force de planter, de bouturer, de nourrir le sol, de créer des points d’eau, d’observer mais aussi de “laisser faire”, le jardin se métamorphose peu à peu en cabinet de curiosité, grandeur nature. Un foisonnement d’espèces fait son apparition et inspire le dessinateur qui se met à les inventorier. Un récit optimiste qui nous montre que la biodiversité est à portée de mains !
Loire, Étienne Davodeau
Loire est une histoire de retrouvailles. Louis, le narrateur de cette bande dessinée, répond à la mystérieuse invitation d’Agathe, son ancienne compagne, de passer quelques jours dans la vallée ligérienne. Mais Agathe ne viendra pas. Durant ce séjour, celle qu’il va retrouver est un fleuve : la Loire, un paysage vivant, en mouvement. Au fil des jours, Louis apprend à écouter les murmures de l’eau, le bruit des feuilles dans le vent, à observer la faune et la flore. Il s’interroge sur les liens que les hommes entretiennent avec le cours d’eau, la manière dont nos récits intimes s’y entremêlent. Au fil des pages, le fleuve change de visage aux yeux de Louis. Il n’est plus un paysage-décor, au contraire, il devient un personnage à l’égal des hommes et même le personnage principal de cette bande dessinée.
Les Grands espaces, Catherine Meurisse
Catherine Meurisse a sept ans quand ses parents décident de quitter la ville pour s’installer à la campagne. Direction le Poitou, où une ferme en ruine les attend. Devenue adulte et citadine, la dessinatrice se souvient avec humour et poésie des “grands espaces” de son enfance. Là-bas, elle y découvre la littérature et les boutures, les vieux murs et les arbres centenaires. La jeune fille s’émerveille de la nature, de ses odeurs, de ses couleurs et observe les bouleversements qui s’y opèrent. Dans le jardin de ses parents, à l’ombre d’un platane, sa vocation d’artiste est entrain de germer. Nichée dans son “Paradou”, un mot glané à Zola, elle croque le vivant et fait ses premiers pas de dessinatrice.
Le Loup, Jean-Marc Rochette
Pour ou contre le loup ? Face au débat public souvent réducteur sur ce mammifère emblématique, la bande dessinée sobrement appelée “Le loup” nous invite à la nuance. Oui, l’éleveur qui a perdu tout son troupeau semble avoir de quoi haïr le grand prédateur. Mais l’humain et l’animal font aussi partie du même monde vivant et aurait plutôt intérêt à coopérer. À travers des dessins simples et intenses, Jean-Marc Rochette nous transporte dans les paysages méconnus et solitaires de la haute montagne alpine. Un récit en forme de fable, qui laisse chacun libre de son interprétation.
Le Discours de la Panthère, Jérémie Moreau
Un dessin vaut parfois mieux que milles mots. Le Discours de la Panthère en est une des meilleures illustrations. Dans cet album XXL aux dessins grandioses, la vie des animaux et leurs interactions est accessibles à tous : des enfants, aux adultes récalcitrants. Par des courtes scénettes qui se rejoignent pour former un tout, Jérémie Moreau nous prend par la main et nous amène à penser le lien entre tous les être vivants. Tous ? Un seul manque à l'appel et pourrait bien tout gâcher...
Bonus : La biodiversité selon Lagaffe, André Franquin
Gaston, un héros écolo de la première heure ? Le personnage inventé par Franquin a marqué les esprits par ses légendaires gaffes et sa paresse, mais saviez-vous qu’il était également un fervent protecteur des animaux ? La preuve avec La biodiversité selon Lagaffe, un hors-série composé d’une sélection de scènes mettant en scène Gaston et son bestiaire animal. On y croise ses acolytes célèbres, le chat et la mouette rieuse, mais aussi Bubulle le poisson rouge, Cheese la souris (et bien d’autres). On y voit aussi Gaston tirer des carottes plutôt que des cartouches durant la saison de la chasse ou abriter un nid d’hirondelles dans sa voiture. Enfin, on comprend pourquoi il est si fatigué, pas facile en effet de nourrir dans la journée son perroquet, ses souris, le hamster du voisin, les merles du quartier, et une portée de chats abandonnée. Un best-of savoureux ! Il faut néanmoins s’armer de patience pour trouver le livre qui est désormais épuisé.